La folle journée de Pépé Dufour

La journée de Pépé à réellement débuté vers 13h30. Avant cela, il avait bien fait deux trois trucs mais sans grand intérêt: réveil petit dej, un peu de télé, des funérailles, la routine quoi! Mais c’est en rentrant des funérailles vers 13h30 que tout s’est accéléré. Mon Grand-père, coutumier des enterrements (il en a un par semaine en moyenne vu qu’il connaît ou connaissait tout le village) et a très vite pris la décision d’avoir une réaction positive par rapport à ceux-ci. En général, après le cimetière, un bon repas bien arrosé, ça remet les idées en place (enfin c’est ce qu’il se dit, lui). Une fois n’est pas coutume, voilà donc mes grands parents qui rentrent de leur repas au resto, et quand Pépé a bu un verre, ça se voit au premier coup d’oeil: la démarche lente et incertaine, l’oeil vitreux, la mèche au vent et surtout (surtout!) le doggy-bag avec les restes pour Billy (son épagneul breton). Et quand y’a doggy-bag, ça ne trompe pas! Donc Pépé traverse la cour sous mon regard suspicieux, suivi de mamy (à plus vive allure), ils rentrent à deux dans la maison et quelques secondes plus tard, j’entends la porte de la maison s’ouvrir et se reclaquer et Pépé....qui s’est fait mettre malproprement dehors de chez lui par sa femme. Pendant un bon 20 minutes, Pépé a donc fait plusieurs fois le tour de la maison et tapotant à toutes les vitres en demandant avec la plus grande diplomatie qu’on le laisse entrer chez lui. Infructueusement, las de toute tentative, il s’est ensuite assis dans une chaise de jardin, après quoi, par dépit, pitié ou harassement, ma Grand-mère l’a autorisé à rentrer. Mais la plus impressionnant, c’est que durant tout ce laps de temps, dans son beau costume spécial funérailles, à aucun moment, il n’a lâché les ribs de Billy qu’il tenait à la main, toujours dans le doggy-bag. Bon alors, s’en suit une série d’insultes que la décence m’interdit de reproduire ici. Et quelques minutes plus tard, Pépé ressort en pantalon tout craqué et avec une chemise de bûcheron, pour tondre la pelouse. Parce que ça le détend Pépé de tondre la pelouse, c’est comme un rituel chez lui, pour couper court à une engueulade, rien de mieux que d’enfourcher sa tondeuse (attention, une belle tondeuse, un truc genre petit tracteur, avec un volant, des vitesses, du CO2, tout ça hein!). Mais le problème, c’est que quand il tond la pelouse, il s’arrête tout le temps parce que Billy fout le camp du jardin, et puis surtout parce que tout le village vient lui dire bonjour. Et là, problème. Avant de continuer, jvais une fois bien vous expliquer en vous dessinant un plan du jardin de mes grands parents: Comme vous pouvez le constater, je vis dans le même endroit que mes grands-parents (enfin c un espèce de loft dans leur jardin...) Et du coup, ben comme il se sentait plus le bienvenu chez lui, il a invité tout le monde là où moi je loge, je vous écris donc ce rapport réfugié dans le salon de ma Grand-mère pendant que Pépé boit une ptite bouteille de rosé chez moi. D’abord il a croisé une de ses filles qui est venue lui raconter ses vacances en Angleterre (“Ah l'Angleterre, je connais bien, jsuis déja allé, Aïe visitid angland aind aïe, comment on dit encore boire - to drink pépé- ah ouais aïe drink euh saumur ine de Sussex”). Puis frustré qu’il était d’avoir ouvert un rosé qui végétait dans le frigo, il est allé inviter le voisin et sa femme à boire un verre “Car ils ont mis des affiches pour les élections” (malgré que Pépé ait été élu socialiste pendant 20 ans, et que le voisin à presque retapissé sa maisonnette avec des affiches des chrétiens-démocrates que Pépé insulte chaque fois qu’il passe devant les affiches du voisin en question). Et quand la voisine est arrivée, je lui ai dit qu'apparemment Pépé avait encore soif, elle m’a répondu cash “Ouais ben c’est pas le seul”. Cette béotienne est en train de vider ma dernière chope! Des fois la vie te fait pas de cadeaux, Pépé est bien placé pour le savoir.